10 choses à savoir quand on est interne en médecine d’urgences,
par le Docteur John Carter.

1 – En grattant il est possible de réutiliser un filtre à café usagé.
2 – Un burger à sept heures du matin n’a rien de dégoûtant. Et heureusement que le diner d'en face sert de jour comme de nuit...
3 – Les infirmières ne peuvent pas faire les touchers rectaux pour vous.
4 – Pour draguer, c’est la Pédiatrie.
5 – Ils servent le pudding au chocolat à onze heures à la cafétéria. Après une heure il n’y en a plus (mais si on le demande gentiment, Marge peut en mettre de côté). Ils se conservent plutôt bien dans les casiers de la salle de repos (quarante-huit heures environ).
6 – Il n’y a pas d’heures creuses aux Urgences.
7 – En cas de défaillance cardiaque, il faut toujours appeler un titulaire.
8 – Il n’y a rien de pire que de perdre un patient.
9 – Il n’y a rien de plus fantastique que de récupérer un patient.
10 – Tu n’es pas Dieu.

En chirurgie, il n’y a pas de hasard. Des opérations de neuf heures où on ne prend aucun risque. Chez nous, aux Urgences, le temps se compte en minutes, en secondes. Une minute de plus, un choc électrique de plus et il peut monter en chirurgie. Une minute de moins et tous ses organes peuvent être donnés. Quel est le cas le plus critique, qui soigner maintenant, à qui faire confiance pour survivre ? Aucune de nos décisions n’est sûre. Il n’y a pas de mode d’emploi, pas d’expérience, tout ce qui compte, c’est l’instinct. Nos choix, on les prend avec nos tripes. Et c’est ce qu’il faut pour ne pas regretter, pour avoir la conscience tranquille, autrement on passe son temps à se demander ce qu’on aurait dû faire de plus, si on aurait dû insister, si on a vraiment bien fait d’utiliser quatre poches de sang pour un criminel, si cet adolescent aurait pu vivre. Mais il faut oublier, vite, il faut se concentrer sur nos victoires, sur les enfants qu’on met au monde, sur les junkies qu’on remet dans le droit chemin, sur les grands-parents auxquels on offre encore quelques années avec leurs petits enfants. Nous soignons les brûlures, les coupures, les indigestions, les maux de tête, les maux de cœur, les doutes, les peurs. Nous soignons les gens. Pas des cas médicaux. Et souvent, c’est ce qui nous sauve. Quand on passe quatre-vingt heures par semaine dans un hôpital, nous n’avons pas le choix.